7 sept.-9 oct. 2018 Libramont (Belgique)

Journée d'Etude Qualité de la HERS (7 septembre 18)

APPEL A COMMUNICATION AFFICHEE

Dépôt des soumissions (communications affichées) au plus tard le 31/08/18 via luc.canautte@hers.be

 

 

« Rechercher l'excellence, la profonde reconnaissance que ce que vous faites est bien, est la plus forte motivation dans toutes les organisations. » Armand V. FEIGENBAUM (1922-2014) (1)

 

D’une part, dans toute activité professionnelle, pour obtenir de la qualité, il est impératif d’avoir du personnel motivé.  En effet, la motivation est un élément clé du succès, parce qu’elle crée une activité bénéfique au profit de celui qui la produit et de la personne ou de l’institution pour qui il la produit. 

 

D’autre part, parler de qualité est parfois tabou, souvent déstabilisant mais toujours aussi essentiel dans l’organisation du travail pour un établissement d’enseignement comme pour une société privée. Pourtant, rares ont été les occasions d’aborder cette thématique riche et cruciale dans le domaine de l’assurance qualité.

 

Souvent la notion de motivation, largement alimentée par les travaux de R. Viau, est restée cloisonnée au public étudiant et, ces dernières décennies, aux pédagogies davantage participatives ou collaboratives. Est-ce à dire que la motivation des enseignants va de soi et qu’elle n’influe guère sur le travail des équipes pédagogiques ? L’enseignant échapperait-il à la démotivation ? De nombreuses études pointent le constat inverse. La charge administrative de plus en plus forte qui pèse sur les professeurs, alourdissant leur travail, les détournant quelquefois de leurs auditoires, ne doit-elle pas être reconnue pour être mieux encadrée ? Le taux de déperdition du corps enseignant est tout aussi inquiétant que le taux d’abandon ou le taux d’échec des étudiants. Y seraient-ils d’ailleurs totalement étranger ? Peu d’études s’attachent à confirmer ou infirmer quelque hypothèse.

 

Lors de la 12e édition du Printemps de l’éthique de la HERS, le 4 mai dernier, le philosophe Jean-Michel Longneaux a évoqué cette imposition des procédures qui aliènent les travailleurs et les coupe de la vraie finalité de leur labeur en imposant une rentabilité ou une standardisation. Le travailleur est dès lors trop souvent « évalué à partir de critères qui ne font pas sens pour lui » (2).

Les évaluations qualité, encadrées par l’AEQES, ne sont-elles pas trop souvent perçues comme un facteur de démotivation ? A l’avenir, pourtant, les établissements seront très certainement confrontés à une nécessaire autonomisation dans le processus qualité.

Les directions mais aussi et surtout les coordinations qualité sont en première ligne et doivent assez souvent faire face aux conséquences d’un désenchantement larvé. De plus en plus, l’enseignant se sent dépassé et se démobilise. Et Jean-Michel Longneaux d’ajouter : « il finit par être dépossédé de son métier et, pire, doit parfois accepter de mal travailler. L’enseignant doit appliquer des pédagogies ou des programmes imposés, inadaptés à son auditoire […] Pour tenir dans de telles conditions, il faut se couper de soi, de sa fierté, de ses idéaux comme de son envie de bien faire. Il faut anesthésier en soi sa colère, son dégoût, sa honte et sa culpabilité. Voilà en quoi le travail aliène l’individu : il fait perdre l’estime de soi. » (3). 

 

Fort heureusement, le philosophe envisage des pistes de solution : les SCOP (sociétés à gestion coopérative et participative). Et si l’utopie d’un SMQ (système de management de la qualité) sous la forme d’un de ces SCOP devenait réalité ? Ne serait-ce pas un scoop ?

Comment remotiver l’enseignant du supérieur, sinon en l’incitant à prendre ses responsabilités pour lui permettre de donner pleinement sens à son action pédagogique ? Lui permettre de coopérer et de participer plus encore qu’aujourd’hui grâce à une politique institutionnelle plus volontariste mais plus « sensée », serait-ce illusoire ?

 

Le processus de motivation est certes un phénomène complexe.  De nombreuses enquêtes ont démontré que plusieurs facteurs pouvaient en être à l’origine : la rémunération, la culture d’entreprise, les conditions de travail, le management, etc.

Frederick Taylor considère que la motivation repose essentiellement sur le gain, tandis qu’Elton Mayo démontre que la motivation est fondée sur des facteurs psychologiques. Ce dernier a montré que les conditions de travail ainsi que la dynamique du groupe contribuent à motiver ou démotiver les travailleurs.

Abraham Maslow a mis en évidence qu’être motivé revient à satisfaire des besoins hiérarchisés.

Quant à Frederick Herzberg, il analyse la démarche selon deux axes : les facteurs d'hygiène (salaire, conditions de travail, …) et les facteurs de motivation (responsabilité, évolution de carrière, autonomie,…).

Victor Vroom développe sa thèse dite "théorie des attentes".  L'idée de base est qu'un individu ne fournira un effort que si cet effort lui permet d'obtenir une récompense et que celle-ci est valorisante à ses propres yeux.

De surcroît, les ressorts de motivation sont différents d’une personne à l’autre.  Tout le monde n’est pas motivé de la même façon, mais il semble fondamental de savoir ce qui motive chacun d’entre nous, ce qui nous fait avancer.

La motivation est donc un élément clé de la qualité !

 

Lors de cette seconde journée d’étude qualité de la HERS, il sera question d’aborder divers aspects relevant de la motivation en lien avec la qualité. Philosophe, pédagogue, responsable qualité, enseignant, chacun éclairera de son regard et participera au débat. Des présentations et un débat le matin, mais aussi des ateliers l’après-midi constitueront le programme de cette seconde édition des Journées d’Etude Qualité de la HERS.

 

L’inscription est gratuite mais obligatoire avant le 31 août 2018.

 

 

Axes de la Journée d’Etude pour les communications affichées :

Ces communications affichées ou posters peuvent toucher aussi bien aux expériences de terrain qu’à une réflexion plus générale sur la motivation. Dans une perspective systémique de valorisation de la démarche qualité, les organisateurs encouragent tout membre du personnel des établissements d’enseignement supérieur (personnel académique, personnel administratif, technique ou ouvrier) à déposer une communication autour d’un des axes suivants.

 

1. Rôles de la motivation et gestion de la qualité : constats et pratiques

Les enseignants du supérieur sont-ils démotivés ? Comment évaluer cette démotivation et ses conséquences sur la démarche qualité ?

Quel(s) rôle(s) joue la motivation individuelle des enseignants sur le travail des équipes pédagogiques ?

Quel(s) rôle(s) la gestion de la qualité peut-elle avoir sur les incitants et les freins qui conditionnent la mise en œuvre de projets d’enseignement ou de recherche appliquée ?

Quel(s) rôle(s) les services généraux ou d’appui (personnel administratif, technique et ouvrier) jouent-ils dans la définition d’un cadre motivant pour leur établissement ? Une vision davantage centrée sur les valeurs et les missions de l’établissement aide-t-elle à l’amélioration de la qualité pour les travailleurs et pour les bénéficiaires ?

 

2.  Vers une dynamique motivationnelle : quelques pistes

Souvent trop de contraintes et de travail administratif démotivent l’enseignant et l’éloigne du cœur de métier. Comment la recherche d’un sens à son activité peut-elle opérer comme une dynamique de mise en mouvement (sens étymologique de « motivation ») ? 

La rentabilité et la standardisation sont-elles perçues comme des obstacles, comme des objectifs ou comme des contraintes à un enseignement supérieur de qualité ? Quel sens leur donner ?

L’enseignant a-t-il intégré les standards et les critères qualité de son métier ? Qui l’informe de quoi ? Quand ? Comment ? Pour quoi ? Pourquoi ? Son référentiel métier et son « profil de fonction »  ont-ils pris en compte l’évaluation de la qualité ou d’une qualité à laquelle ils sont étrangers ?

Comment sont perçues les évaluations qualité, encadrées par l’AEQES ?

Comment les personnels de l’enseignement sont-ils formés à la qualité ? Sont-ils « informés » (au sens philosophique qui induit le sens donné à l’action et au sens classique qui suppose la connaissance) ?

Quel sens l’institution donne-t-elle à cette évaluation externe ? L’autoévaluation est-elle bien « appropriée » ; c’est-à-dire bien adaptée aux réalités de terrain mais aussi bien intégrée par les équipes ?  Les évaluations qualité sont-elles sources de démotivation ?

Quel(s) rôle(s) les directions jouent-elles dans la démarche qualité en amont et en aval des évaluations de l’AEQES ?

Quel(s) rôle(s) les coordinations qualité jouent-elles dans la démarche qualité en amont et en aval des évaluations de l’AEQES ?

Comment (re)définir les responsabilités de chacun (présidence, directions, coordinations, enseignants, personnels administratif, technique, ouvrier) dans la démarche qualité pour lui permettre de donner pleinement sens à son action ? Comment permettre à chacun de coopérer et de participer à une politique qualité institutionnelle ?

 

Délai : dépôt des propositions de communication affichée au plus tard le 31 août 2018, par mail à luc.canautte@hers.be

La décision d’acceptation sera communiquée aux participants le 3 septembre 2018.

Après acceptation de la communication, le poster au format A1 ou A0 sera à fournir imprimé pour le 5 septembre au plus tard.

 

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(1) Inventeur du concept de "Total Quality Control", Feigenbaum fut Directeur des Opérations et de la Qualité chez General Electric.

(2) MEURANT F., Sr GIAC NGHIEM, DAINE V., TEMPLIER L., LONGNEAUX J.-M., PALM S., Thiry A., VAN DEN BROECK P., MAESSCHALCK M., CAUCHY S., VASSEN M., MEURIS C., BOLLY C., Un travail qui nous relie : utopie ou réalité ? Neufchâteau, Editions Weyrich, collection « Printemps de l’Ethique », 2018, p. 44.

(3) Idem, pp. 44-45.

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